FethiDiMassinissa
2003-12-20 22:04:00 UTC
Salu-tutti,
de 1962 á 2003 l'algerie est toujours dans la souf-FRANCE totale malgré les
richesses humaines, naturelles et autres. Il est temps de tourner d'etre
serieux et d'arreter les solutions de fraude et laboratoire et
cooptation....
Lisons ensemble ce qui suit .....
mais qui a peur du MEMORANDUM du FFS et d'une algerie vraiment democratique
?
Une Assemblée constituante et une présidentielle pour fin 2004 Le plan d'Aït
Ahmed
Quatre mois à peu près nous séparent de la présidentielle 2004 et vous ne
vous êtes toujours pas positionné par rapport à cette échéance. Est-ce du
désintérêt ou une stratégie électorale ?
Je tiens d'abord à rendre hommage à la grandeur d'âme des Algériennes et
Algériens grâce à laquelle ils supportent avec dignité une situation de
chaos quotidien fait de toutes les formes d'insécurité, d'humiliation et de
prédation. Rien ne leur a été épargné par un pouvoir absolu, occulte et qui
n'a de comptes à rendre à personne. Le pire pour nos jeunes est de ne pas
voir le bout du tunnel, et sans baisser les bras, ils cherchent la moindre
lueur d'espoir qui leur assurerait une vie de dignité et de citoyen à part
entière. Je reviens à votre question sur l'échéance «présidentielle» et je m
'étonne que vous ne la posiez pas d'abord à ceux qui en pré-fabriquent les
résultats depuis 40 ans. Le pouvoir absolu corrompt absolument et l'
illustration flagrante de ce mot célèbre est la perversion délibérée et
permanente du suffrage universel. Personne n'ignore, en effet, que le
«scrutin» présidentiel est tout spécialement cuisiné par les décideurs, d'
amont en aval, et dans toutes ses séquences. «Le président» étant investi d'
avance par les décideurs, la question qui se pose aujourd'hui est : pourquoi
ne se sont-il pas encore mis d'accord sur un candidat ? C'est auprès d'eux
qu'il faut éclaircir cet épisode rocambolesque plein de haine et de
règlements de comptes qui les empêche toujours de se départager, et non pas
auprès du FFS. C'est à croire que vous nous prenez pour des naïfs, au point
de nous croire disposés à afficher dès maintenant nos intentions tactiques.
Au fond, ce qui me préoccupe ce sont les problèmes graves et prioritaires
qui écrasent notre peuple. Le vrai sens du vrai problème est de savoir
comment sortir d'une guerre sans nom et sans issue. Il faut cesser de se
moquer des Algériens en leur faisant jouer les prolongations dans des sables
mouvants. Loin de rompre le cercle vicieux du système, «la présidentielle» n
'est que l'un des maillons-relais qui pérennisent le statu quo ante.
Cette guerre que vous évoquez, elle a bien des causes et des solutions .
Il y a trois ans, le FFS a remis un mémorandum aux trois des principaux
décideurs, les généraux Lamari et Mediène et le président Bouteflika dans
lequel a été exposée ce qui nous parait être la seule sortie de crise :
restituer aux Algériens et aux Algériennes les droits et libertés qui leur
permettent collectivement et individuellement, de donner aux institutions
une vraie légitimité et des bases constitutionnelles par l'élection d'une
assemblée nationale constituante. Après quatre décennies de gestions
désastreuses qui ont mis à nu les conséquences de l'absence d'Etat, il est
temps de traiter les problèmes à la racine. On ne répétera jamais assez que
seule l'Assemblée nationale constituante, élue au suffrage universel en
octobre 1963 avait, au double plan, national et international, la légitimité
pour construire les fondations constitutionnelles et institutionnelles de l'
Etat. Mais tandis que cette prérogative était de son ressort exclusif, c'est
une autre assemblée d'officiers saupoudrée de cadres civils
«révolutionnaires» qui élaborera et adoptera la loi fondamentale en conclave
et dans un cinéma. Evidemment, les députés qui avaient un minimum de courage
politique, et à leur tête le président de l'Assemblée constituante, Ferhat
Abbas, avaient démissionné pour exprimer leur sentiment de révolte contre
cette rupture de contrat passé avec le peuple algérien, rupture qui trahit
la longue marche des luttes de résistance et de libération nationales, dont
la revendication emblématique fut : «Contre tout statut octroyé,
constituante algérienne souveraine.» Contrairement aux pays frères, le Maroc
et la Tunisie, où l'émergence des Etats fut le prolongement d'une monarchie
ou d'une dynastie, l'Algérie a arraché le droit d'avoir un Etat national, et
de l'édifier librement grâce au droit à l'autodétermination qu'elle a payé
terriblement cher.
L'Etat algérien est mal parti. A quoi sert le train ? même un TGV
«révolutionnaire», au départ a déraillé. Plus précisément, notre Etat est
parti pour être privatisé, disloqué et laisser place à un système politique
atypique dirigé par une oligarchie militaire - illisible et invisible - qui
se protège derrière une vitrine civile voire «représentative». Ayons le
courage de faire ensemble un constat tout simple. La nation algérienne
continue à payer jusqu'à nos jours les conséquences du coup de force
originel qui l'a privée de cette République démocratique et sociale
«solennellement affirmée comme but de guerre par la proclamation du 1er
novembre 1954». Un demi-siècle après, il n'y a pas de République. Qu'est-ce
qui reste de public ? je vous le demande. Je m'adresse à tous ceux qui ont
des responsabilités, à quelque niveau que ce soit : opérons ensemble des
révisons déchirantes. Je sais qu'on n'efface pas quarante ans de gestion,
mais n'avons-nous pas l'obligation morale et politique d'en tirer les
enseignements pour empêcher le bateau Algérie de sombrer ? Mettons-nous
autour d'une table pour un vrai dialogue pour une solution politique qui
ouvre la voie à un nouveau départ à une révolution pacifique. Préparer l'
avènement d'une 2e République qui sera légitimée par l'élection d'une
assemblée nationale constituante. J'ai entrepris une campagne
internationale en faveur de ce qui me paraît être une option alternative à
la dictature et au chaos. J'ai fait voter une résolution au congrès de l'
Internationale Socialiste au Brésil soutenant les points essentiels du
mémorandum du FFS. Je souhaite que les partenaires de l'Algérie soutiennent
cette initiative qui remet sur le tapis le droit du peuple algérien à l'
autodétermination. En principe, je vois difficilement le président Chirac
tourner le dos, d'une part, à la décision historique que le général de
Gaulle avait prise d'abandonner la solution militaire pour faire la paix
avec le peuple algérien et, d'autre part, à l'engagement non moins
historique de reconnaître à ce peuple son droit imprescriptible à l'
autodétermination. Il est vrai que la France semble plus que jamais
«contrainte» sur l'Algérie, mais «l'Etat» algérien ne peut pas indéfiniment
violer les pactes internationaux qui garantissent le respect des droits de l
'homme ainsi que les conventions de Genève qui protègent les populations
civiles. Sauf à faire la preuve qu'il n'est pas un Etat, même au sens banal
du terme, ce nom et à courir le risque de rendre fragiles et prescriptibles
les reconnaissances internationales qui constituent sa seule légitimité.
Comment concevez-vous cette négociation ?
Le mémorandum du FFS est très clair. Il exige des mesures préalables, à
savoir l'ouverture du champ politique et médiatique, la fin de l'état d'
urgence et la possibilité donnée à la société civile de s'exprimer et de s'
organiser librement. Il ne m'appartient pas de désigner les interlocuteurs.
C'est à la société de le faire lorsqu'elle aura repris en main ses
destinées. Je pense particulièrement aux syndicats et aux mouvements
associatifs autonomes auxquels les mentalités maffieuses refusent
systématiquement les agréments. Ce sont autant de violations des normes
internationales. La loi du plus fort ne fait qu'enraciner les traditions et
les pratiques du non-droit. La récente grève des enseignants en est une
illustration. Arrestations, licenciements et chantages sont autant de
représailles expéditives qui portent la griffe notoire du Premier ministre.
De toute évidence, le blâme que le BIT (Bureau international du travail)
avait déjà adressé aux autorités algériennes à la suite de la dissolution du
Syndicat autonome des magistrats algériens n'a produit aucun effet
dissuasif. De telles dérives sont inconcevables avec l'organisation d'une
transition démocratique prévue par la sortie de crise du FFS. Son rôle étant
précisément, à la fois de créer un climat de confiance et de mettre en place
à plusieurs les instances nécessaires de contrôle et de suivi. La conception
de cette transition démocratique, comme son nom l'indique, ne doit pas
reposer sur l'exclusion, elle doit être inclusive. Par ailleurs, je pense
que ce processus devra prévoir un organe - politiquement et socialement
représentatif - chargé de préparer un programme économique et social. Il s'
agit d'abord fondamentalement de définir la vision d'un développement
alternatif, durable et humain. Il est impératif que des mesures d'urgence
soient parallèlement prises en faveur des milliers de personnes déplacées,
des sinistrés et des populations paupérisées. Les plus démunis reprendront
confiance et espoir ; ils adhéreront à cette transition si leurs problèmes,
leurs besoins élémentaires dans les domaines vitaux sont pris en charge,
entre autres l'accès à l'alimentation, à l'emploi, au logement et aux soins.
Sans oublier pour ces femmes et ces hommes laissés pour compte, l'envie de
respirer en être humain sans se heurter aux formes de hogra et d'abus de
pouvoir les plus variées, bref sortir de l'indigénat pour accéder au
respect, à la justice.
La justice, voilà un domaine prioritaire où la transition peut se donner une
grande crédibilité en interdisant qu'un juge dépende de la police ou de l'
administration !
Ce processus que vous indiquez se fera-t-il avec ou sans les autres partis
démocratiques ?
Il faut ouvrir le champ politique et médiatique pour permettre aux
Algériennes et Algériens de comparer les professions de foi avec les actes
des uns et des autres.
Quel est votre scénario pour avril 2004 ?
Le scénario que je souhaite pour l'avenir de l'Algérie est que soit retardée
cette échéance. Au li u d'avril, pourquoi pas décembre 2004. Quelques mois
de plus alors que le peuple algérien attend un évènement salutaire depuis 40
ans.
Ne pourrions-nous pas positiver une fausse solution à la crise et la
transformer en sortie de crise ? Ce que je propose est de coupler les deux
retours aux urnes : il s'agit là bien sûr d'un vrai tournant politique, mais
les traditions révolutionnaires de notre pays le rendent possible. Conjuguer
et organiser les deux scrutins à la fois, ou à quelques semaines de distance
l'un de l'autre. A commencer bien sûr par l'élection d'une Assemblée
nationale constituante. Une priorité qui redonnera du sens à l'élection
présidentielle. De toute évidence, la lourdeur et l'importance
exceptionnelles de cet événement exigent qu'en quelques mois nous
réussissions l'organisation de la transition avec la mise en place à
plusieurs du dispositif préparatoire que j'ai suggéré tout à l'heure.
Dans cette perspective, je suis prêt à prendre les contacts nécessaires et
éventuellement à retourner au pays pour contribuer à la faisabilité et au
succès de cette initiative qui est digne de l'Algérie et des souffrances
endurées par les Algériennes et les Algériens.
L'indépendance de l'Algérie fut une utopie pour les jeunes militants des
années 1940 et 1950, parce qu'en face de l'Algérie il y avait l'une des
grandes puissances occidentales. Aujourd'hui, nous sommes entre Algériens et
l'amorce d'un processus de refondation de l'Etat et de la nation ne dépend
que de notre volonté politique commune. L'instauration de la République
algérienne sera aussi une utopie
réalisable.
Quel crédit accordez-vous à la déclaration du général Lamari, selon laquelle
l'armée n'aura plus aucun candidat pour la présidentielle et qu'elle s'
accommodera y compris de Djaballah comme chef d'Etat ?
«La adri wa la elmounedjim yedri.» Traduite au-delà des mots, cette maxime
donnerait ceci : si l'astrologue ne le sait pas, comment puis-je le savoir ?
Pourtant l'armée a donné quelques gages. Des officiers ont été radiés pour
avoir fait pression sur des commis de l'Etat et la promesse a été faite de
supprimer le vote dans les casernes .
C'est de la poudre aux yeux. Soyons sérieux, voici quelques échantillons qui
donnent une idée sur l'ampleur, la brutalité et la sophistication des
techniques qui président aux falsifications des scrutins. Les listes
électorales sont surchargées par des centaines de milliers d'électeurs et
électrices décédés ou non identifiés. En l'espace de deux semaines, le
nombre d'électeurs est passé de 14 à 17 millions, lors de la présidentielle
de 1995. Les élections communales qui ont vu le triomphe époustouflant du
RND, ce bébé né moustachu comme on l'a surnommé, donnèrent lieu à une
débauche d'interventions répressives et d'OPA militaro-policières, sur les
bureaux de vote et à ciel ouvert. A l'occasion des récentes législatives,
de véritables commandos d'électeurs déjà inscrits dans plusieurs bureaux de
vote sillonnèrent la capitale pour accomplir tranquillement leur devoir de
truquage en faveur d'une formation politique bien plus ancienne. Conclusion.
Une fois pour toutes, nous devons nous libérer des tabous idéologiques qui
empêchent le recours aux observateurs internationaux. On ne peut se
prétendre plus patriotes que les Palestiniens ou les Sud-Africains, que la
présence massive et crédible des observateurs de l'ONU et des ONG des droits
de l'homme ont aidé à organiser des élections propres et
honnêtes.
Les islamistes, quel peut être leur rôle ?
Cette question ne peut pas se poser dans l'abstrait, elle renvoie à la
nécessité de créer les conditions d'une vie publique lisible. Pour l'heure,
il y a trop de confusion et de manipulations sur la scène politique pour se
faire une opinion objective, sur qui est qui. et qui va faire quoi ?
Vous voyez partout la main des services de renseignement. Pourquoi
ciblez-vous particulièrement ce corps ?
Mes analyses et mes positions sur ce sujet sont bien connues ; elles se
passent de commentaires.
Maintenez-vous toujours la thèse que l'armée est derrière les massacres de
civils durant la décennie 1990. L'ancien ministre des Affaires étrangères,
Hubert Vedrine, l'a réfutée dans un ouvrage se basant sur des rapports de
services de renseignements européens.
Logique toute bête : comment voulez-vous que je maintienne une thèse que je
n'ai jamais soutenue ? J'ai toujours dénoncé les violences d'où qu'elles
viennent. Je n'ai jamais attribué au pouvoir ni aux groupes terroristes
islamistes l'exclusivité des tueries et des assassinats ciblés. Par
ailleurs, lié par un devoir de vérité et de lucidité vis-à-vis de mes
compatriotes, je ne pouvais faire l'impasse sur la responsabilité des hauts
dignitaires de l'armée et de la police politique, responsabilité liée tant à
la genèse et au déclenchement de la violence qu'aux violations massives et
systématiques des droits de l'homme résultant du coup d'Etat de janvier
1992. Je ne laisserai donc pas insinuer que mettre en cause l'incompétence
politique et militaire des décideurs signifie s'en prendre à l'armée en tant
qu'institution, ou dédouaner les groupes intégristes de leurs exactions.
Dans un Etat de droit, les «décideurs» ne peuvent pas échapper aux
conséquences de leurs décisions ; ils ne peuvent pas se soustraire à l'
obligation de porter assistance à population en danger et, en tout état de
cause, ils doivent obéir au devoir de protéger les populations civiles. Pour
moi, les soldats ont également droit à cette protection, parce qu'ils
étaient aussi des civils avant de porter l'uniforme et ils redeviennent des
civils après leur période de service militaire.
Le MDN a déposé plainte contre vous. Vous présenteriez-vous à la convocation
d'un tribunal et pourquoi, selon vous, le ministère de la Défense a choisi
ce moment-là alors que vos critiques contre l'armée ne datent pas d'aujourd'
hui ?
Je n'ai pas l'habitude de me dérober à mes responsabilités ; sans chercher à
tirer mon épingle du jeu, mais avec le souci constant d'agir pour éclairer
la communauté internationale sur la nature et les enjeux véritables de cette
guerre contre les civils. Un proverbe, une leçon tirée de notre mémoire
culturelle : On ne doit pas marchander ce qui meurt. Ce qui est immortel ne
peut que se donner.
A l'opposé de la décennie 1990 où il était offensif, le FFS semble avoir
perdu du terrain ces dernières années. Est-ce un repli tactique ou l'
expression de difficultés internes au parti, lequel a perdu beaucoup de ses
cadres en raison de la répression certes, mais aussi, dit-on, en partie à
cause d'une forte mainmise de votre personne ?
Rappelez-vous les manifestations grandioses de mai 2001 avant la remise du
mémorandum aux trois décideurs. C'est dire la capacité de mobilisation et l'
adhésion de la population à la ligne claire, radicale et pacifique de l'
opposition du FFS au système politique qui domine et exclut la société
depuis l'indépendance. Aussi le FFS apparaît-il au double plan national et
régional comme l'obstacle le plus coriace à sa stratégie de
«normalisation» - au sens brejnévien du terme - du pays. Le monde a été
témoin de la répression sauvage qui fut déclenchée délibérément par des
oligarques, tous clans confondus, pour annihiler les forces politiques de la
Kabylie. Il a assisté en «live», comme dans un safari, aux exécutions
ciblées de 213 jeunes innocents. L'objectif politique de cette opération
digne des nazis était de dépolitiser et de radicaliser la jeunesse et l'
ensemble de la population en vue de les faire basculer dans le désespoir et
la violence. Que le parti ait survécu à cette politique de la terre et de
la politique brûlées, c'est presque miraculeux d'autant que les services
respectifs liés aux généraux apparemment rivaux avaient conjugué et affiné
leurs manouvres communes d'infiltration et de déstabilisation. En fait, le
miracle c'est celui des militants et des sympathisants du FFS dont les
convictions politiques sont inébranlables. C'est aussi celui de la lucidité
et de la vigilance expérimentée des cadres. C'est surtout la longue
tradition de débat au sein des structures. Quant à ma mainmise sur le
parti, c'est une affirmation gratuite qui fait partie du chapelet de slogans
qui font partie de la guerre psychologique. Les gens savent que j'ai d'
autres défauts, mais pas celui d'être autoritaire.
Le fait que vous soyez éloigné du pays n'influe-t-il pas sur la bonne marche
du parti ?
En un sens oui. Ma présence aurait été utile au parti et mon expérience et
la confiance que me témoignent les militants m'auraient permis notamment de
les aider à éviter les dérives politiques, à appliquer «les résolutions
alternatives» prises par le 3e congrès du FFS, à sauvegarder et renforcer le
libre débat dans les sections et les fédérations, à prémunir et bannir les
pratiques que nous n'avons cessé de dénoncer chez les formations qui ont
vendu leur âme au pouvoir. Mais je privilégie mon pays au parti et j'ai
conscience que je suis plus utile au plan international. Une autre
confession. Pour un militant «l'ancien comme on m'appelle» qui veut rester
lui-même, la dernière et la plus difficile des tâches est de se rendre
lui-même
inutile.
Vous aviez, à un moment, dit que les archs sont des créations des services
de renseignement. Avec le temps et la tournure du conflit qui les oppose au
pouvoir, maintenez-vous toujours cette accusation ?`
Les Algériens intègres et la population de la Kabylie sont suffisamment
édifiés sur le rôle destructeur de ce phénomène. Aujourd'hui, réduits à leur
plus simple expression, il n'en demeure pas moins que ces groupuscules et
leurs grands acteurs de pacotille restent disponibles pour exécuter les
ordres de leurs parrains.
L'autonomie de la Kabylie, vous y croyez ?
Je crois surtout à l'autonomie et à la toute puissance des maffias locales
et régionales qui prennent en otage le destin du pays. Toute réforme
octroyée dans ce contexte n'a d'avenir que si elle respecte au jour le jour
la stratégie des maffias nationales dont la devise est «diviser et manipuler
pour durer».
Par A. Bahmane
http://www.elwatan.com/journal/html/2003/12/21/sup_html.htm
de 1962 á 2003 l'algerie est toujours dans la souf-FRANCE totale malgré les
richesses humaines, naturelles et autres. Il est temps de tourner d'etre
serieux et d'arreter les solutions de fraude et laboratoire et
cooptation....
Lisons ensemble ce qui suit .....
mais qui a peur du MEMORANDUM du FFS et d'une algerie vraiment democratique
?
Une Assemblée constituante et une présidentielle pour fin 2004 Le plan d'Aït
Ahmed
Quatre mois à peu près nous séparent de la présidentielle 2004 et vous ne
vous êtes toujours pas positionné par rapport à cette échéance. Est-ce du
désintérêt ou une stratégie électorale ?
Je tiens d'abord à rendre hommage à la grandeur d'âme des Algériennes et
Algériens grâce à laquelle ils supportent avec dignité une situation de
chaos quotidien fait de toutes les formes d'insécurité, d'humiliation et de
prédation. Rien ne leur a été épargné par un pouvoir absolu, occulte et qui
n'a de comptes à rendre à personne. Le pire pour nos jeunes est de ne pas
voir le bout du tunnel, et sans baisser les bras, ils cherchent la moindre
lueur d'espoir qui leur assurerait une vie de dignité et de citoyen à part
entière. Je reviens à votre question sur l'échéance «présidentielle» et je m
'étonne que vous ne la posiez pas d'abord à ceux qui en pré-fabriquent les
résultats depuis 40 ans. Le pouvoir absolu corrompt absolument et l'
illustration flagrante de ce mot célèbre est la perversion délibérée et
permanente du suffrage universel. Personne n'ignore, en effet, que le
«scrutin» présidentiel est tout spécialement cuisiné par les décideurs, d'
amont en aval, et dans toutes ses séquences. «Le président» étant investi d'
avance par les décideurs, la question qui se pose aujourd'hui est : pourquoi
ne se sont-il pas encore mis d'accord sur un candidat ? C'est auprès d'eux
qu'il faut éclaircir cet épisode rocambolesque plein de haine et de
règlements de comptes qui les empêche toujours de se départager, et non pas
auprès du FFS. C'est à croire que vous nous prenez pour des naïfs, au point
de nous croire disposés à afficher dès maintenant nos intentions tactiques.
Au fond, ce qui me préoccupe ce sont les problèmes graves et prioritaires
qui écrasent notre peuple. Le vrai sens du vrai problème est de savoir
comment sortir d'une guerre sans nom et sans issue. Il faut cesser de se
moquer des Algériens en leur faisant jouer les prolongations dans des sables
mouvants. Loin de rompre le cercle vicieux du système, «la présidentielle» n
'est que l'un des maillons-relais qui pérennisent le statu quo ante.
Cette guerre que vous évoquez, elle a bien des causes et des solutions .
Il y a trois ans, le FFS a remis un mémorandum aux trois des principaux
décideurs, les généraux Lamari et Mediène et le président Bouteflika dans
lequel a été exposée ce qui nous parait être la seule sortie de crise :
restituer aux Algériens et aux Algériennes les droits et libertés qui leur
permettent collectivement et individuellement, de donner aux institutions
une vraie légitimité et des bases constitutionnelles par l'élection d'une
assemblée nationale constituante. Après quatre décennies de gestions
désastreuses qui ont mis à nu les conséquences de l'absence d'Etat, il est
temps de traiter les problèmes à la racine. On ne répétera jamais assez que
seule l'Assemblée nationale constituante, élue au suffrage universel en
octobre 1963 avait, au double plan, national et international, la légitimité
pour construire les fondations constitutionnelles et institutionnelles de l'
Etat. Mais tandis que cette prérogative était de son ressort exclusif, c'est
une autre assemblée d'officiers saupoudrée de cadres civils
«révolutionnaires» qui élaborera et adoptera la loi fondamentale en conclave
et dans un cinéma. Evidemment, les députés qui avaient un minimum de courage
politique, et à leur tête le président de l'Assemblée constituante, Ferhat
Abbas, avaient démissionné pour exprimer leur sentiment de révolte contre
cette rupture de contrat passé avec le peuple algérien, rupture qui trahit
la longue marche des luttes de résistance et de libération nationales, dont
la revendication emblématique fut : «Contre tout statut octroyé,
constituante algérienne souveraine.» Contrairement aux pays frères, le Maroc
et la Tunisie, où l'émergence des Etats fut le prolongement d'une monarchie
ou d'une dynastie, l'Algérie a arraché le droit d'avoir un Etat national, et
de l'édifier librement grâce au droit à l'autodétermination qu'elle a payé
terriblement cher.
L'Etat algérien est mal parti. A quoi sert le train ? même un TGV
«révolutionnaire», au départ a déraillé. Plus précisément, notre Etat est
parti pour être privatisé, disloqué et laisser place à un système politique
atypique dirigé par une oligarchie militaire - illisible et invisible - qui
se protège derrière une vitrine civile voire «représentative». Ayons le
courage de faire ensemble un constat tout simple. La nation algérienne
continue à payer jusqu'à nos jours les conséquences du coup de force
originel qui l'a privée de cette République démocratique et sociale
«solennellement affirmée comme but de guerre par la proclamation du 1er
novembre 1954». Un demi-siècle après, il n'y a pas de République. Qu'est-ce
qui reste de public ? je vous le demande. Je m'adresse à tous ceux qui ont
des responsabilités, à quelque niveau que ce soit : opérons ensemble des
révisons déchirantes. Je sais qu'on n'efface pas quarante ans de gestion,
mais n'avons-nous pas l'obligation morale et politique d'en tirer les
enseignements pour empêcher le bateau Algérie de sombrer ? Mettons-nous
autour d'une table pour un vrai dialogue pour une solution politique qui
ouvre la voie à un nouveau départ à une révolution pacifique. Préparer l'
avènement d'une 2e République qui sera légitimée par l'élection d'une
assemblée nationale constituante. J'ai entrepris une campagne
internationale en faveur de ce qui me paraît être une option alternative à
la dictature et au chaos. J'ai fait voter une résolution au congrès de l'
Internationale Socialiste au Brésil soutenant les points essentiels du
mémorandum du FFS. Je souhaite que les partenaires de l'Algérie soutiennent
cette initiative qui remet sur le tapis le droit du peuple algérien à l'
autodétermination. En principe, je vois difficilement le président Chirac
tourner le dos, d'une part, à la décision historique que le général de
Gaulle avait prise d'abandonner la solution militaire pour faire la paix
avec le peuple algérien et, d'autre part, à l'engagement non moins
historique de reconnaître à ce peuple son droit imprescriptible à l'
autodétermination. Il est vrai que la France semble plus que jamais
«contrainte» sur l'Algérie, mais «l'Etat» algérien ne peut pas indéfiniment
violer les pactes internationaux qui garantissent le respect des droits de l
'homme ainsi que les conventions de Genève qui protègent les populations
civiles. Sauf à faire la preuve qu'il n'est pas un Etat, même au sens banal
du terme, ce nom et à courir le risque de rendre fragiles et prescriptibles
les reconnaissances internationales qui constituent sa seule légitimité.
Comment concevez-vous cette négociation ?
Le mémorandum du FFS est très clair. Il exige des mesures préalables, à
savoir l'ouverture du champ politique et médiatique, la fin de l'état d'
urgence et la possibilité donnée à la société civile de s'exprimer et de s'
organiser librement. Il ne m'appartient pas de désigner les interlocuteurs.
C'est à la société de le faire lorsqu'elle aura repris en main ses
destinées. Je pense particulièrement aux syndicats et aux mouvements
associatifs autonomes auxquels les mentalités maffieuses refusent
systématiquement les agréments. Ce sont autant de violations des normes
internationales. La loi du plus fort ne fait qu'enraciner les traditions et
les pratiques du non-droit. La récente grève des enseignants en est une
illustration. Arrestations, licenciements et chantages sont autant de
représailles expéditives qui portent la griffe notoire du Premier ministre.
De toute évidence, le blâme que le BIT (Bureau international du travail)
avait déjà adressé aux autorités algériennes à la suite de la dissolution du
Syndicat autonome des magistrats algériens n'a produit aucun effet
dissuasif. De telles dérives sont inconcevables avec l'organisation d'une
transition démocratique prévue par la sortie de crise du FFS. Son rôle étant
précisément, à la fois de créer un climat de confiance et de mettre en place
à plusieurs les instances nécessaires de contrôle et de suivi. La conception
de cette transition démocratique, comme son nom l'indique, ne doit pas
reposer sur l'exclusion, elle doit être inclusive. Par ailleurs, je pense
que ce processus devra prévoir un organe - politiquement et socialement
représentatif - chargé de préparer un programme économique et social. Il s'
agit d'abord fondamentalement de définir la vision d'un développement
alternatif, durable et humain. Il est impératif que des mesures d'urgence
soient parallèlement prises en faveur des milliers de personnes déplacées,
des sinistrés et des populations paupérisées. Les plus démunis reprendront
confiance et espoir ; ils adhéreront à cette transition si leurs problèmes,
leurs besoins élémentaires dans les domaines vitaux sont pris en charge,
entre autres l'accès à l'alimentation, à l'emploi, au logement et aux soins.
Sans oublier pour ces femmes et ces hommes laissés pour compte, l'envie de
respirer en être humain sans se heurter aux formes de hogra et d'abus de
pouvoir les plus variées, bref sortir de l'indigénat pour accéder au
respect, à la justice.
La justice, voilà un domaine prioritaire où la transition peut se donner une
grande crédibilité en interdisant qu'un juge dépende de la police ou de l'
administration !
Ce processus que vous indiquez se fera-t-il avec ou sans les autres partis
démocratiques ?
Il faut ouvrir le champ politique et médiatique pour permettre aux
Algériennes et Algériens de comparer les professions de foi avec les actes
des uns et des autres.
Quel est votre scénario pour avril 2004 ?
Le scénario que je souhaite pour l'avenir de l'Algérie est que soit retardée
cette échéance. Au li u d'avril, pourquoi pas décembre 2004. Quelques mois
de plus alors que le peuple algérien attend un évènement salutaire depuis 40
ans.
Ne pourrions-nous pas positiver une fausse solution à la crise et la
transformer en sortie de crise ? Ce que je propose est de coupler les deux
retours aux urnes : il s'agit là bien sûr d'un vrai tournant politique, mais
les traditions révolutionnaires de notre pays le rendent possible. Conjuguer
et organiser les deux scrutins à la fois, ou à quelques semaines de distance
l'un de l'autre. A commencer bien sûr par l'élection d'une Assemblée
nationale constituante. Une priorité qui redonnera du sens à l'élection
présidentielle. De toute évidence, la lourdeur et l'importance
exceptionnelles de cet événement exigent qu'en quelques mois nous
réussissions l'organisation de la transition avec la mise en place à
plusieurs du dispositif préparatoire que j'ai suggéré tout à l'heure.
Dans cette perspective, je suis prêt à prendre les contacts nécessaires et
éventuellement à retourner au pays pour contribuer à la faisabilité et au
succès de cette initiative qui est digne de l'Algérie et des souffrances
endurées par les Algériennes et les Algériens.
L'indépendance de l'Algérie fut une utopie pour les jeunes militants des
années 1940 et 1950, parce qu'en face de l'Algérie il y avait l'une des
grandes puissances occidentales. Aujourd'hui, nous sommes entre Algériens et
l'amorce d'un processus de refondation de l'Etat et de la nation ne dépend
que de notre volonté politique commune. L'instauration de la République
algérienne sera aussi une utopie
réalisable.
Quel crédit accordez-vous à la déclaration du général Lamari, selon laquelle
l'armée n'aura plus aucun candidat pour la présidentielle et qu'elle s'
accommodera y compris de Djaballah comme chef d'Etat ?
«La adri wa la elmounedjim yedri.» Traduite au-delà des mots, cette maxime
donnerait ceci : si l'astrologue ne le sait pas, comment puis-je le savoir ?
Pourtant l'armée a donné quelques gages. Des officiers ont été radiés pour
avoir fait pression sur des commis de l'Etat et la promesse a été faite de
supprimer le vote dans les casernes .
C'est de la poudre aux yeux. Soyons sérieux, voici quelques échantillons qui
donnent une idée sur l'ampleur, la brutalité et la sophistication des
techniques qui président aux falsifications des scrutins. Les listes
électorales sont surchargées par des centaines de milliers d'électeurs et
électrices décédés ou non identifiés. En l'espace de deux semaines, le
nombre d'électeurs est passé de 14 à 17 millions, lors de la présidentielle
de 1995. Les élections communales qui ont vu le triomphe époustouflant du
RND, ce bébé né moustachu comme on l'a surnommé, donnèrent lieu à une
débauche d'interventions répressives et d'OPA militaro-policières, sur les
bureaux de vote et à ciel ouvert. A l'occasion des récentes législatives,
de véritables commandos d'électeurs déjà inscrits dans plusieurs bureaux de
vote sillonnèrent la capitale pour accomplir tranquillement leur devoir de
truquage en faveur d'une formation politique bien plus ancienne. Conclusion.
Une fois pour toutes, nous devons nous libérer des tabous idéologiques qui
empêchent le recours aux observateurs internationaux. On ne peut se
prétendre plus patriotes que les Palestiniens ou les Sud-Africains, que la
présence massive et crédible des observateurs de l'ONU et des ONG des droits
de l'homme ont aidé à organiser des élections propres et
honnêtes.
Les islamistes, quel peut être leur rôle ?
Cette question ne peut pas se poser dans l'abstrait, elle renvoie à la
nécessité de créer les conditions d'une vie publique lisible. Pour l'heure,
il y a trop de confusion et de manipulations sur la scène politique pour se
faire une opinion objective, sur qui est qui. et qui va faire quoi ?
Vous voyez partout la main des services de renseignement. Pourquoi
ciblez-vous particulièrement ce corps ?
Mes analyses et mes positions sur ce sujet sont bien connues ; elles se
passent de commentaires.
Maintenez-vous toujours la thèse que l'armée est derrière les massacres de
civils durant la décennie 1990. L'ancien ministre des Affaires étrangères,
Hubert Vedrine, l'a réfutée dans un ouvrage se basant sur des rapports de
services de renseignements européens.
Logique toute bête : comment voulez-vous que je maintienne une thèse que je
n'ai jamais soutenue ? J'ai toujours dénoncé les violences d'où qu'elles
viennent. Je n'ai jamais attribué au pouvoir ni aux groupes terroristes
islamistes l'exclusivité des tueries et des assassinats ciblés. Par
ailleurs, lié par un devoir de vérité et de lucidité vis-à-vis de mes
compatriotes, je ne pouvais faire l'impasse sur la responsabilité des hauts
dignitaires de l'armée et de la police politique, responsabilité liée tant à
la genèse et au déclenchement de la violence qu'aux violations massives et
systématiques des droits de l'homme résultant du coup d'Etat de janvier
1992. Je ne laisserai donc pas insinuer que mettre en cause l'incompétence
politique et militaire des décideurs signifie s'en prendre à l'armée en tant
qu'institution, ou dédouaner les groupes intégristes de leurs exactions.
Dans un Etat de droit, les «décideurs» ne peuvent pas échapper aux
conséquences de leurs décisions ; ils ne peuvent pas se soustraire à l'
obligation de porter assistance à population en danger et, en tout état de
cause, ils doivent obéir au devoir de protéger les populations civiles. Pour
moi, les soldats ont également droit à cette protection, parce qu'ils
étaient aussi des civils avant de porter l'uniforme et ils redeviennent des
civils après leur période de service militaire.
Le MDN a déposé plainte contre vous. Vous présenteriez-vous à la convocation
d'un tribunal et pourquoi, selon vous, le ministère de la Défense a choisi
ce moment-là alors que vos critiques contre l'armée ne datent pas d'aujourd'
hui ?
Je n'ai pas l'habitude de me dérober à mes responsabilités ; sans chercher à
tirer mon épingle du jeu, mais avec le souci constant d'agir pour éclairer
la communauté internationale sur la nature et les enjeux véritables de cette
guerre contre les civils. Un proverbe, une leçon tirée de notre mémoire
culturelle : On ne doit pas marchander ce qui meurt. Ce qui est immortel ne
peut que se donner.
A l'opposé de la décennie 1990 où il était offensif, le FFS semble avoir
perdu du terrain ces dernières années. Est-ce un repli tactique ou l'
expression de difficultés internes au parti, lequel a perdu beaucoup de ses
cadres en raison de la répression certes, mais aussi, dit-on, en partie à
cause d'une forte mainmise de votre personne ?
Rappelez-vous les manifestations grandioses de mai 2001 avant la remise du
mémorandum aux trois décideurs. C'est dire la capacité de mobilisation et l'
adhésion de la population à la ligne claire, radicale et pacifique de l'
opposition du FFS au système politique qui domine et exclut la société
depuis l'indépendance. Aussi le FFS apparaît-il au double plan national et
régional comme l'obstacle le plus coriace à sa stratégie de
«normalisation» - au sens brejnévien du terme - du pays. Le monde a été
témoin de la répression sauvage qui fut déclenchée délibérément par des
oligarques, tous clans confondus, pour annihiler les forces politiques de la
Kabylie. Il a assisté en «live», comme dans un safari, aux exécutions
ciblées de 213 jeunes innocents. L'objectif politique de cette opération
digne des nazis était de dépolitiser et de radicaliser la jeunesse et l'
ensemble de la population en vue de les faire basculer dans le désespoir et
la violence. Que le parti ait survécu à cette politique de la terre et de
la politique brûlées, c'est presque miraculeux d'autant que les services
respectifs liés aux généraux apparemment rivaux avaient conjugué et affiné
leurs manouvres communes d'infiltration et de déstabilisation. En fait, le
miracle c'est celui des militants et des sympathisants du FFS dont les
convictions politiques sont inébranlables. C'est aussi celui de la lucidité
et de la vigilance expérimentée des cadres. C'est surtout la longue
tradition de débat au sein des structures. Quant à ma mainmise sur le
parti, c'est une affirmation gratuite qui fait partie du chapelet de slogans
qui font partie de la guerre psychologique. Les gens savent que j'ai d'
autres défauts, mais pas celui d'être autoritaire.
Le fait que vous soyez éloigné du pays n'influe-t-il pas sur la bonne marche
du parti ?
En un sens oui. Ma présence aurait été utile au parti et mon expérience et
la confiance que me témoignent les militants m'auraient permis notamment de
les aider à éviter les dérives politiques, à appliquer «les résolutions
alternatives» prises par le 3e congrès du FFS, à sauvegarder et renforcer le
libre débat dans les sections et les fédérations, à prémunir et bannir les
pratiques que nous n'avons cessé de dénoncer chez les formations qui ont
vendu leur âme au pouvoir. Mais je privilégie mon pays au parti et j'ai
conscience que je suis plus utile au plan international. Une autre
confession. Pour un militant «l'ancien comme on m'appelle» qui veut rester
lui-même, la dernière et la plus difficile des tâches est de se rendre
lui-même
inutile.
Vous aviez, à un moment, dit que les archs sont des créations des services
de renseignement. Avec le temps et la tournure du conflit qui les oppose au
pouvoir, maintenez-vous toujours cette accusation ?`
Les Algériens intègres et la population de la Kabylie sont suffisamment
édifiés sur le rôle destructeur de ce phénomène. Aujourd'hui, réduits à leur
plus simple expression, il n'en demeure pas moins que ces groupuscules et
leurs grands acteurs de pacotille restent disponibles pour exécuter les
ordres de leurs parrains.
L'autonomie de la Kabylie, vous y croyez ?
Je crois surtout à l'autonomie et à la toute puissance des maffias locales
et régionales qui prennent en otage le destin du pays. Toute réforme
octroyée dans ce contexte n'a d'avenir que si elle respecte au jour le jour
la stratégie des maffias nationales dont la devise est «diviser et manipuler
pour durer».
Par A. Bahmane
http://www.elwatan.com/journal/html/2003/12/21/sup_html.htm